Patrick Reed: les fans américains étaient odieux à la Ryder Cup
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Patrick Reed s’arrête rarement. Même lorsque la Ryder Cup se jouait il y a quelques semaines, celui que l’on surnomme autrefois «Captain America» pour ses exploits dans l’épreuve affirmait qu’il était occupé à s’entraîner et à voyager vers son prochain tournoi.
Après un passage à Manille pour un tournoi de l’International Series aux Philippines, Reed se trouve maintenant à Fanling pour défendre son titre au LINK Hong Open, remporté l’an dernier grâce à un score de 59. La semaine prochaine, il participera aux play-offs du DP World Tour au Moyen-Orient, ce qui constituera son 31e départ de la saison 2025. Avant de conclure cette année intense, il s’est confié au bord du 18e green du Hong Kong Golf Club à propos de la Ryder Cup, de son avenir à LIV Golf et des difficultés liées au harcèlement dont sa famille fait l’objet.
À la question de savoir s’il avait suivi la Ryder Cup, Reed répond: «Non, j’en ai vu très peu vendredi matin. J’étais à l’entraînement, puis samedi je me suis encore entraîné avant mon vol pour l’Écosse et le Dunhill Championship. Dimanche, je n’ai même pas regardé, je pensais que ça allait être un match à sens unique. En arrivant à Londres, j’avais une escale de trois heures et demie, je n’ai pas vérifié les scores. Ce n’est qu’en conduisant vers l’hôtel à Édimbourg que j’ai regardé mon téléphone et je me suis dit: qu’est-ce qui se passe là?» Reed poursuit: «Quand tu vois à quel point ils ont bien joué vendredi et samedi, tu te dis que ce ne sera même pas serré. Cela montre qu’en golf, rien n’est jamais fini. Un jour tu as la frite, le lendemain tu ne sais plus où c’est parti. Puis ça revient. C’est ce que j’aime dans ce jeu. C’était fou à voir.»
Sur son absence de l’équipe américaine, Reed estime: «Je pense que j’aurais pu aider l’équipe. J’aurais été un grand atout. J’ai eu plusieurs conversations avec Keegan Bradley, il a été très franc avec moi. Je savais que ce serait difficile de faire partie de l’équipe, mais au final, il a pris une autre direction. C’est son choix. Le capitaine met en place l’équipe qu’il pense être la meilleure, mais je suis convaincu que j’aurais pu aider.»
À propos du prochain capitaine américain, il admet ne pas avoir d’avis précis: «C’est une bonne question. Personne ne s’attendait à voir Keegan. Quand son nom est sorti, on s’est tous dit: quoi? Mais je pense qu’il a fait du bon travail. Soyons honnêtes, peu importe qui aurait joué vendredi ou samedi, l’équipe européenne a pratiqué un golf tellement solide du début à la fin qu’il était presque impossible de la battre. C’était comme quand Tiger et moi avions affronté Fleetwood et Molinari en France: peu importe ce que nous faisions, ils jouaient trop bien. Pareil quand Jordan [Spieth] et moi jouions ensemble, il y a des jours où tu ne peux rien faire.»
Concernant sa situation chez LIV Golf, Reed explique: «Nous sommes en train de renégocier le contrat. J’aime beaucoup LIV. C’est un endroit formidable pour jouer, avec un format innovant et l’esprit d’équipe que j’adore. Mon rêve a toujours été de jouer dans le monde entier et de faire grandir le golf à l’échelle mondiale. LIV me permet justement d’avoir ce calendrier international. C’est amusant, et à mon âge, j’ai encore l’énergie pour voyager partout. J’en profite tant que je le peux.»
Sur la DP World Tour, il précise: «Je suis encore membre à part entière et membre honoraire à vie. Je jouerai la semaine prochaine à Abou Dhabi et la suivante à Dubaï, ce qui fera dix tournois cette année sur cette tournée. Lorsque j’ai rejoint LIV, j’ai toujours échangé avec eux et ils ont soutenu ma venue. J’aime représenter les Américains qui viennent jouer sur leur circuit. Les fans sont drôles, avec des chants de football parfois provocants, mais souvent tellement spirituels que je me demande où ils trouvent tout ça.» Reed espère que les circuits pourront s’entendre: «Les fans veulent revoir les meilleurs joueurs ensemble, comme avant. J’espère que ce sera possible bientôt.»
Quant à la possibilité d’une réunification, il reste optimiste: «Il y a toujours un moyen. Il faut juste que chacun mette un peu son ego de côté et laisse les joueurs jouer. Nous avons un grand leader avec Scott O’Neill, et j’ai entendu de bonnes choses sur le nouveau responsable du PGA Tour. Quant à Guy Kinnings [PDG du DP World Tour], il a été mon agent, je le connais bien et il fait du bon travail. Ils trouveront une solution. Moi, je me concentre sur le fait de jouer là où on m’autorise à le faire.»
Depuis sa victoire au Masters, Reed a signé trois top 10 et vise toujours plus haut: «L’objectif reste le Grand Chelem de carrière. Mon jeu est solide, il faut juste continuer à se donner des occasions. Si tu multiplies les bons résultats à Augusta ou dans les majeurs, il suffit d’un ou deux coups de plus pour en gagner un autre. Je suis confiant et j’espère retrouver le bon mojo de ma victoire.»
Interrogé sur le harcèlement subi par ses enfants, Reed confie: «En tant que père, c’est très difficile. Mes enfants ne le méritent pas. Ma famille non plus. Aujourd’hui, le monde est trop négatif, on veut abattre les gens au lieu de les soutenir. J’essaie d’apprendre à mes enfants à voir le positif. Si on vit bien et qu’on fait ce qu’on pense juste, c’est tout ce qu’on peut faire. Tu ne peux pas plaire à tout le monde, sinon tu vivras malheureux. Il y a trop de souffrance mentale et de suicides liés à la haine déversée sur les réseaux sociaux ou ailleurs. C’est inacceptable.»
Il ajoute: «Certaines personnes disent des choses qu’elles ne diraient jamais ailleurs. Si on n’était pas sur un parcours avec une corde entre nous, certains finiraient à terre. Mais ils pensent pouvoir tout dire sans conséquence. C’est un vrai problème. Il faut plus de responsabilité. Ce que j’ai entendu sur le comportement des fans à New York était honteux. C’est embarrassant en tant qu’Américain. On ne fait pas ça. On ne parle pas comme ça. Le golf est censé être un sport de gentlemen, et certaines choses dites là-bas étaient tout simplement révoltantes.»
Photo by Stuart Franklin/Getty Images
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