Il serait exagéré de dire que le tournoi le plus exigeant du golf repose sur l’alimentation des joueurs, mais celle-ci joue probablement un rôle plus important qu’on ne le pense. Selon Amy Bragg, directrice de la nutrition sportive à l’Université d’Alabama, où elle travaille notamment avec les équipes masculines et féminines de golf, 35 % de l’énergie dépensée par le corps humain provient du cerveau. Autrement dit, plus le parcours est complexe, plus le carburant mental devient crucial.

Après les témoignages de golfeurs sur les efforts mentaux et physiques fournis pendant l’U.S. Open, Bragg a partagé ses conseils sur la manière dont les golfeurs, quel que soit leur niveau, peuvent adapter leur alimentation pour mieux performer.

Quand faut-il commencer à se nourrir intelligemment avant un tournoi comme l’U.S. Open ?

Le golf est un sport particulier, avec des compétitions sur plusieurs jours, souvent à l’étranger. De nombreux athlètes se concentrent trop sur l’alimentation le jour de la compétition, alors que la base reste la nutrition quotidienne. Cela dit, ce que l’on mange et boit pendant une partie reste essentiel. La plupart des golfeurs qu’elle suit ont un plan alimentaire pendant 18 trous : une collation toutes les trois ou quatre trous, ou au virage. En cas de chaleur ou d’humidité, l’hydratation doit commencer avant même le voyage.

Quelle est la première chose à corriger dans les habitudes alimentaires d’un golfeur ?

Souvent, les sportifs négligent la récupération. Ils ne consomment pas suffisamment de protéines dans les 30 minutes suivant un entraînement ou une partie. Pourtant, c’est fondamental pour la régénération musculaire. Bragg compare cela à une pierre lancée dans un lac : après les vagues, il faut que l’eau redevienne calme – et cela passe par un apport rapide en protéines et glucides.

Quel est le bon ratio glucides/protéines pour un golfeur ?

En règle générale, deux doses de glucides pour une dose de protéines. Pour ceux qui veulent perdre du poids tout en conservant leurs performances, un ratio 1:1 peut convenir. L’essentiel est de garantir un apport suffisant de protéines sur 24 heures.

Quelle quantité de protéines recommandez-vous ?

Pour un athlète actif, environ 150 grammes par jour. Le golf moderne est bien plus physique qu’avant, avec davantage de préparation physique. La quantité et le moment de l’apport en protéines sont donc devenus essentiels.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que la nutrition est secondaire dans le golf ?

Le golf demande une énorme concentration mentale – le cerveau consomme à lui seul 35 % de l’énergie quotidienne. Beaucoup de golfeurs ne consomment pas assez de glucides et s’hydratent mal. Il faut leur apprendre à boire et manger correctement.

Quels sont les effets d’un manque de nutrition pendant une partie ?

Cela varie selon les joueurs. Certains identifient des trous précis où leur niveau chute – le 12e, le 17e… C’est à partir de ces observations qu’on établit un plan alimentaire pour éviter les baisses d’énergie ou de lucidité.

Quels sont les snacks recommandés sur le parcours ?

Des fruits, du mélange de fruits secs, des sandwichs au beurre de cacahuète à consommer en deux temps. Les barres protéinées peuvent aussi convenir, selon leur composition – Bragg cite les marques Cliff et Kind. Elle déconseille le brocoli ou la viande séchée : peu de valeur énergétique, peu d’intérêt pour la récupération.

Que manger les jours précédant un tournoi ?

Un régime coloré : fruits, légumes, protéines de qualité. Elle recommande aussi des boissons avec électrolytes et sodium. Il faut aussi anticiper la déshydratation en avion – chaque heure de vol entraîne une perte de liquide.

Quel aliment supprimer d’urgence ?

La restauration rapide. Avec les nombreux déplacements, les golfeurs doivent avoir un plan pour éviter la tentation. Les aliments frits, surtout dans des huiles réutilisées, sont inflammatoires et nuisent à la performance.

Source : cet article est initialement paru dans « Low Net », une newsletter exclusive de Golf Digest+.